mercredi 15 mai 2013

La Griffe et le Sang de François Larzem

Informations :
Auteur : François Larzem
Edition : Le Pré aux Clercs - Collection Pandore
308 pages
16€

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Quatrième de Couverture :
« Cruauté et volupté entraînent l’ivresse du sang ».
Mina, jeune Tsigane au caractère trempé, trouve refuge avec sa mère dans une vallée des Carpates. Très vite, elles sont en proie aux tourments des villageois. Ils les obligent à porter un manteau à capuchon rouge, la marque d’infamie. Mais arrive un mercenaire vêtu de noir, à la beauté du loup qui décide de les protéger. Mina pense avoir trouvé la paix quand ses cauchemars commencent. Un chevalier à l’armure écarlate vient la visiter en songe : Vlad, jadis seigneur du pays, dont la réputation de cruauté le désignait comme Dracul, le fils du démon. Un lien les unit…

Mon Avis :
C'était un peu dubitative après ma lecture de Magies Secrètes que je me suis lancée dans cette lecture. Et finalement je regrette que le très bon La Griffe et le Sang ai souffert de mon appréhension car il est plus porteur pour la nouvelle collection Pandore.

Mina est une jeune fille meurtrie. Elle a perdu son père qui a voulu défendre une jeune fille aux prises d'hommes malintentionnés et ça a mal tourné. La voilà donc contrainte à fuir dans les Carpates car une vague de criminalité fait rage dans la ville où elles se trouvaient et qu'à elles deux, il est trop dangereux de rester. Sans compter sur la montée en puissance de l'ostracisme dont elles sont victimes au vu de leurs mode de vie tsigane. Malheureusement leur fuite ne sera pas de tout repos, entre lutte pour la vie et défense de leur propre dignité leur arrivé dans un petit village calme aura des allures de providences. Oui mais ... entre accueil toléré et intolérance mal cachée, le village sera lui aussi victime d'une vague de cruauté et les coupables semblent toutes trouvées ... 

Ce livre est une réécriture de différents mythes. Bien sûr on retrouve le petit chaperon rouge où il semble manquer le loup. Mais on y retrouve aussi les trois petits cochons qui vraiment sont des porcs. Tout y est pour appuyer là dessus. Leur crasse, leur puanteur à tuer un homme à trois mètres de distance (j'extrapole à peine), le groin (si l'auteur a poussé le détail jusque là) et leur maison : deux maisons sommaires qui tiennent à peine debout et une en pierre. Niveau mise en place de ces personnages on peut pas mieux faire pour les désigner comme les trois cochons (le mot petit est vraiment superflu et mensonger). Des porcs amoureux de la bière, des petits rats qui viennent les visiter tant il fait propre chez eux et des travers bien lâches sponsorisé par l'alcool (qui a trop bon dos). Mais l'auteur a eu l'audace, que j'applaudis parce qu'il fallait oser, de rajouter un autre mythe à savoir celui de Dracula. Un comte sanguinaire qui sévissait dans la région à tous ceux qui se dressaient contre lui. Mais il n'était pas que sanguinaire car au fil de l'histoire on se rend compte ce que Dracul avait un vrai rôle protecteur. On y retrouve également un autre mythe mais je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous ôter toute la surprise.
On pourrait penser que ces mythes ne font pas bon ménages une fois assemblés, sauf que c'est se méprendre sur les capacités de l'auteur à donner vie et cohérence à son récit. Ce livre m'a propulsé dans une autre dimension, celle des mythes vivants. Ceux qui font trembler une région, de ceux qui dégoûtent le lecteur profondément (vous avez vu, je suis traumatisée par ces trois frères). J'en ai beaucoup apprécié la lecture. Je vous avoue qu'au début je ne savais pas du tout où j'allais. Je lisais à l'aveugle et j'avais du mal à voir où l'auteur voulait nous emmener et dès que tout s'enchaîne on commence à lever un coin du rideau épais, la magie officie. J'ai eu du mal à lâcher les dernières 150 pages où on comprends que tout n'est pas ce qu'il paraît être. Sur la fin c'est du régal et je me suis dit "ah ouais, quand même" (ne retenez pas ces trois mots affreux pour représenter ma chronique, je vous vois venir, oui j'ai honte de mettre ça).

Le moins que l'on puisse dire c'est que Mina n'est pas épargnée. Que ce soit dans le deuil de son père et la fuite. L'auteur ne fait pas de cadeau et ne fait pas dans la dentelle non plus (j'y reviens après). Mais comme l'adage le dit si bien : ce qui ne nous tue pas, nous rends plus fort. Je n'irais pas dire que tout ce que Mina subira la rendra plus "dure", mais elle ne se laissera pas faire et fera montre d'un courage à presque tout épreuve (traduisez : elle est kick-ass avec la langue bien pendue qui va avec). Sur la fin, elle ira de révélations en révélations et plus elle en découvrira plus elle arrivera à un point de non-retour. Elle y perd autant qu'elle y gagne dans une certaine mesure. La maturité finira par l'emporter sur la fougue ... on aura droit à une belle évolution du personnage. 
Concernant les différents personnages, l'auteur n'y est pas allé de main morte. Entre les agressions physiques, les meurtres barbares et lubriques dont les villageois sont friands il n'épargne rien ni personne. La bienveillance en est-elle vraiment ? Que cache chacun des villageois ? Les mythes sont ils vraiment réels et d'actualité ? La raison ou la croyance de mythes ancestraux ? Autant de choses qui sont évoquées pour notre petit plaisir. 

On oublie la mièvrerie de certaines réécritures, on a ici un toute nouvelle réécriture du mythe de petit chaperon rouge brut de décrofrage. Mais pas que, pour notre plus grand bonheur. J'ai vu qu'il était dit que François Larzem est un conteur, ça se confirme à la lecture. L'auteur distille à merveille les informations et la magie. Ce livre c'est un "catch me if you can". On le lit, on ne sait pas trop où on va, on le repose pour y revenir et début du troisième tiers on commence à entrevoir certaines choses et on fait courir les pages pour "attraper" le fin de l'histoire. Vous l'aurez compris, c'est un ticket gagnant et une très jolie découverte de l'auteur et de sa plume poétique et brute que j'espère bien relire dans ses pérégrinations à travers les contes qui ont bercés notre enfance.

7 commentaires:

  1. Très jolie découverte pour moi aussi ! Je pense que c'est mon titre préféré de la collection pour l'instant.

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    1. Pareil pour moi, je viens de voir que Magies Secrètes a remporté le grand prix de l'imaginaire et ça me désole vraiment tant il est mauvais et incohérent ...

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  2. Il m'attend dans ma PAL, je compte bien le lire ^^

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  3. Je l'ai lue et beaucoup appréciait également, même si j'ai l'impression d'être un peu moins traumatiser que toi par les trois frères même s'ils sont absolument écœurant :D

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